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Xiaoblog
31 juillet 2010

Nouvelles clartés sur le rêve de Zhuangzi

Après des mois et des années, mais peut-être après quelques nuits seulement, il advint que le papillon qui chaque matin s'éveillait sans savoir s'il était Zhuangzi ou lui-même se lassa, en éprouva un inconfort indéfinissable et néanmoins certain.
Le chétif animal se décida d'aller consulter un sage.
D'autres penseraient que le soutien d'un psychologue lui aurait été d'un plus grand secours. Il reste cependant incertain qu'un papillon et un psychologue puissent tenir une conversation utile, ni même une conversation tout court, alors qu'un sage est un être capable de toutes sortes d'actions qui restent hors de portée des individus ordinaires, parmi lesquels il est permis de classer les psychologues. 
Nous devons écarter sans hésiter l'idée que ce sage était un maître du Tao. Nous serions entrainés sur des sentiers qui ne mènent nulle part ailleurs qu'en des labyrinthes improbables n'ayant pas plus d'issues que ceux de Borgès qui en manque totalement.
Nous refuserons avec une égale vigueur l'hypothèse que ces entretiens puissent avoir été tenus pendant un rêve, que ce rêve ait été celui du sage, du papillon ou de toute tierce personne. Est-ce assez clair?
Le papillon donc, lorsqu'il fut en présence du sage, un sage particulièrement empli de sagesse sans doute mais que nous ne nous attacherons pas à définir plus précisément, exposa le motif de sa visite.
Grand sage, il n'est plus de nuit que je ne rêve que je suis Zhuangzi.
Le sage observa un silence de sage, car un sage qui serait trop prompt en sa parole perdrait rapidement tout prestige.
Il convient de souligner que le silence d'un sage est aussi empli de sens que le vide du Tao ce dont le papillon, tout lépidoptère qu'il fut, était intimement persuadé, car rêver qu'il était Zhuangzi lui avait laissé quelques traces.
C'est pourquoi il ajouta que ce qui l'irritait particulièrement c'est que le Zhuangzi qu'il rêvait être se rêvait lui comme un papillon et donc qu'en définitive dans son rêve papillon il restait, ce qui ne le grandissait en rien.
Observons que le papillon ne prétendait pas qu'il était dévalorisant d'être lui-même.
Le sage, curieusement, demanda qu'on lui apporte une pierre, tâche dont s'acquitta un acolyte car le papillon, bien que partiellement humanisé par ses contact nocturnes avec Zhuangzi en restait parfaitement incapable.
Mettons, dit le sage, que dans votre rêve vous écrasiez le papillon que Zhuangzi pense être devenu. Ne seriez vous pas libéré de ce rêve importun?
C'est que... Maître... enfin... on ne sait pas... et si... en définitive... qu'est ce que la vérité... qui sait où se cache... finalement?
Un sage ne saurait s'agacer de rien, c'est entre autres à cela qu'on le reconnaît, aussi c'est sans malice aucune qu'il saisit la pierre, l'éleva devant son visage et déclara:
Vous voyez cet objet inanimé, aurait-il plus d'entendement que vous?
Et c'est à cet instant que les forces du vieux sage lui firent défaut et que la lourde pierre chut sur le papillon qui à jamais fut délivré de ses rêves.
Toutefois, en ce qui concerne Zhuangzi, on ne sait pas si les siens cessèrent dès la mort du papillon qu'il rêvait être.

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Commentaires
G
Je ne suis pas sage mais il me faut néanmoins quelques temps pour me calmer et réfléchir à ce passage et ses différentes significations.<br /> <br /> Bon été.
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X
Pauvre papillon, il n'est pas prêt de se libérer de la chaine des causalités, tant qu'il n'aura pas adopté une parfaite indifférence vis à vis de ces rêves.
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O
On peut supposer sans grande audace que le papillon mort continua de se rêver Zhuang Zi mort qui se rêvait lui-même papillon mort, les passages de vie à mort ne pouvant être ici qu'anecdotiques, formalités ridiculement incarnées, un peu comme une cote de mailles enfilée par un philosophe à l'heure de la sieste...
Répondre
O
On peut supposer sans grande audace que le papillon mort continua de se rêver Zhuang Zi mort qui se rêvait lui-même papillon mort, les passages de vie à mort ne pouvant être ici qu'anecdotiques, formalités ridiculement incarnées, un peu comme une cote de mailles enfilée par un philosophe à l'heure de la sieste...
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