Lie Zi, le classique du vide parfait.

Comme ce blog devenait sans vie ni mouvement, il m'a paru opportun de le réanimer en abordant Lie Zi, auteur présumé du Vrai Classique du Vide parfait.

Lie Zi, à moins que ce soit Lie Yukou fut, peut être un sage vivant à la période des Printemps et des Automnes ou bien des Royaumes combattants. Zhuang Zi en parle, ce qui n'équivaut pas à un bulletin de naissance.

Le Lie Zi est un recueil de fables philosophiques et d’aphorismes d'inspiration taoïste cité dans le Zhuangzi avec lequel il présente une grande ressemblance. Bien que ce soit peu taoïste c'est dans ce recueil que l'on trouve le récit de Yu Kong qui déplaça les montagnes.

Le Lie Zi parait avoir été reconstitué par Liu Xiang au premier siècle avant notre ère, de nos jours Anne Tcheng considère cependant que l'ouvrage qui porte actuellement ce titre très composite serait un faux, une compilation des IIIe et IVe siècles de notre ère.

C'est néanmoins un ouvrage agréable à lire qui sera abordé sans scrupules par tous ceux qui ne se prennent pas pour des phares de la pensée chinoise, soit l'écrasante majorité d'entre nous.

Pour la petite histoire, notons que cet ouvrage fut officiellement canonisé en 742  par l'empereur Xuanzong des Tang sous le nom de Classique de la simplicité et de la vacuité, tandis que son auteur supposé recevait le titre d’Être transcendant de la simplicité et de la vacuité. En 1007, l’empereur Zhenzong des Song éleva le titre de l’auteur et allongea le nom de l’ouvrage, qui devint Vrai classique de la simplicité et de la vacuité de la vertu parfaite, l'auteur se voyant orné du nom de Seigneur transcendant de la simplicité et de la vacuité contemplateur du mystère.

Beaucoup de paroles ronflantes pour qualifier le vide n'est ce pas? 

Comments

[movitcity]

Observons les faits : dans la vie à l'endroit, vous ne supportez pas une collègue. Vous ne voudriez même pas penser à elle tellement que..., tellement qu'elle..., parce que c'est à cause d'elle que..., etc... Vous ne voudriez pas y penser mais vous y pensez quand même. Vous voudriez ne pas réagir à ce qu'elle fait ou dit, mais vous réagissez quand même. En réalité, vous ne pouvez pas rester indifférent à elle. En fait vous êtes liés, ficelés, enchainés dans une suite continue de causalités qui même si elles sont minuscules, ne sont pas neutres.
Inversons les choses. Considérez un seul instant que le vide soit la seule chose qui vous unisse. Prenons l'air qui circule de vos poumons aux siens, et inversement. C'est le seul vrai lien. C'est un lien auquel vous ne pouvez rien faire, même s'il vous est odieux. Sauf.... à ce que l'un de vous cesse d'utiliser l'air commun. La solution radicale consisterait à supprimer l'autre ou à se supprimer soi-même afin de régler la question. Vous évoquez la police, la hiérarchie. Vous pourriez en appeler à la morale, à la religion, au bon sens, etc.... Mais toutes ces bonnes raisons étaient présentes bien avant que vous ne considériez le vide, elles ne sont que des justifications pour ne pas aller au bout de ses désirs. Comme je le disais : "(...) alors tout se retourne sans vraiment changer." Rien à changé, votre collègue existe toujours, mais vous avez le choix de supprimer le vrai et unique lien qui vous unit à elle : l'air que vous respirez chacun. Vous pouvez alors réaliser que tous les autres liens : énervements, rejets, etc... n'existent pas vraiment ; ce ne sont que des conventions, pour cacher un désir de trouver quelqu'un avec qui être lié par le rejet. Mais supprimeriez-vous tous ceux qui vous déplaisent parce qu'ils utilisent le même air que vous résoudrait-il le fait qu'il y aura toujours quelqu'un pour vous déplaire ?
Le vide donc ne vous apprends pas une voie contraire mais tout simplement vous ouvre la possibilité d'adopter une autre attitude face à ce qui est. Puisque vous êtes lié à l'autre, qu'il vous plaise ou pas, à quoi bon se préoccuper qu'il vous plaise ou qu'il ne vous plaise pas ? Il existe certainement une autre voie pour concevoir et regarder sa propre action et sa propre vie sans avoir à se préoccuper des autres.

[m]

C'est très drôle!

[xiao-bob]

Pour ma part, je ne saurait prodiguer aucun conseil utile à l'élimination des collaborateurs importuns.
J'ai eu des pulsions meurtrières mais je me les suis reprochées.
Aussi j'ai trouvé des moyens de me rendre plus insupportable que le "caillou dans la chaussure" et la hiérarchie a pensé utile et productif de nous séparer.

[m]

Movitcity, j'ai besoin d'un complément d'information sur le vide efficace. L'exemple pris est très juste, j'ai effectivement une collègue dont je rêve de la trucider, çà rendrait ma vie au taf + agréable si hiérarchie et maréchaussée n'étaient rétives à cette solution (par le vide!)
Par quelle bascule de point de vue ou d'attitude la vie professionnelle avec cette harpie pourrait-elle devenir possible, c'est ce que je n'ai pas compris.

[movitcity]

Ce serait un peu comme un gant que l'on retourne. Quand on réalise le vide, je veux dire le point de vue du vide, alors tout se retourne sans vraiment changer. Le vide n'est pas l'envers du plein, mais changer de point de vue, vous met à l'envers. C'est ainsi.
Il suffit d'essayer, au boulot par exemple. Cela consiste à regarder tout ce que l'on fait mais d'un autre point de vue.... Par exemple, ce collègue dont tout vous sépare, soudainement vous réalisez que le vide vous unit. Alors là vous décidez d'agir alors qu'avant vous aviez seulement essayé de l'éviter. Vous n'acceptez pas cette union par le vide ? Alors vous décidez de le trucider. Voilà, il n'y a pas à dire, le vide change la vie !
Ce n'est pas une explication très traditionnelle mais c'est mieux que les titres octroyés par l'Empereur.